Château de Chambord
Programme archéologique Caillou & Hofbauer

Chambord – De l’esprit de Léonard

Chambord – De l’esprit de Léonard

par Jean d’Haussonville,
directeur général du Domaine national de Chambord / 2016

Passé la vive émotion de la rencontre, au fur et à mesure qu’on progresse dans l’étude et la contemplation de Chambord, s’installent la certitude d’être en présence d’une œuvre de génie et la question lancinante de savoir qui en est l’auteur.

Un renouvellement épistémologique s’est opéré à la faveur des recherches effectuées depuis la fin des années 1990. Le doute est dissipé quant au rôle prépondérant du commanditaire. François Ier a exercé sa volonté sur le projet tout au long de son règne. Sans lui, pas d’ambition, pas de vision, pas d’architecte, pas de maître-maçon. Un débat reste en revanche ouvert : à quel architecte ou quelle succession d’architectes attribuer Chambord ?

L’hypothèse d’une influence de Léonard de Vinci dans la conception du programme architectural est défendue depuis le XIXe siècle par certains mais rejetée par d’autres, en l’absence d’archives, tout au moins parce que Léonard de Vinci est mort quelques mois avant le début de la construction de l’édifice en septembre 1519. On peut cependant aujourd’hui affirmer avec beaucoup plus de sérénité l’existence d’une influence de Léonard de Vinci, ami et mentor du roi commanditaire, dans la conception de Chambord. Son plan en croix grecque au centre de laquelle trône un escalier monumental à doubles révolutions invitant le visiteur à s’élever vers une tour lanterne, la régularité des logis et des circulations, l’emplacement même du bâtiment en terrain plat, le caractère giratoire du plan d’ensemble, sont autant d’éléments singuliers plaidant en faveur du « premier peintre, premier ingénieur et premier architecte du roi », comme se plaisait à le nommer François Ier.

Dans cette enquête de paternité, Jean-Sylvain Caillou et Dominic Hofbauer ont apporté une contribution décisive qui dépasse la seule question de l’auteur de l’œuvre pour aborder les premiers plans et l’explication de certaines incohérences que présente le château définitif. Quel était donc le projet d’origine ? Pour quelle raison s’en est-on ensuite écarté ? À l’issue d’un programme archéologique pluridisciplinaire mené au château de 1997 à 2007, les conclusions de Jean-Sylvain Caillou et Dominic Hofbauer ont révélé que le palais de François Ier à Chambord est d’une intelligence de conception encore plus aiguë que ce qu’on en connaissait.

Chambord est un mystère de la création. Sa dimension énigmatique est en partie voulue, elle relève de ce procédé de la surprise si cher à la Renaissance, en partie accidentelle ; la disparition des archives et des plans d’origine ne permettra pas de dépasser un certain stade de la connaissance. Le travail minutieux d’induction auquel nous invite cet ouvrage est donc un parcours initiatique indispensable pour qui veut mieux comprendre l’un des édifices les plus imaginatifs et les plus intrigants qu’ait produits l’humanité.

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Une aventure scientifique à retrouver dans « Chambord, l’oeuvre ultime de Léonard de Vinci ? » (2016) aux éditions Faton.

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